L?HISTOIRE DU CHÃTEAU DE BOURRON
La source « Saint Sévère », la forêt de Bière, sont autant de facteurs qui ont toujours fixé les hommes sur ce site privilégié : un « Eden » en plein c?ur de la forêt de Fontainebleau !
Forteresse à l?époque médiévale, réduite en ruines au XIVème siècle.
Fin XVIème-début XVIIème, le château fut construit en transparence sur la base de la forteresse dans le pur style « brique et pierre ». Il subira très peu de modifications ultérieures et sera inscrit à l?inventaire supplémentaire en 1926.
En 1971, ses façades, ses perspectives et l?allée du pan coupé sont classés « Monument Historique ».
BOURRON, L?ORIGINE DU NOM
Les traces des premiers habitants remontent probablement au néolithique.
Les celtes s?implantèrent durablement, ils baptisèrent le lieu Bouvron ou Borro, ce qui signifie « source jaillissante » et fait référence à la divinité gauloise des eaux.
En vous promenant dans la partie nord du parc près des douves, vous pouvez découvrir au fond de l?eau des différences chromatiques organisant des cercles autour d?un point central. Vous apercevez les innombrables sources qui jaillissent à l?état naturel.
Le nom du lieu devint le nom du village et des premiers seigneurs.
Bourron était alors une forteresse "close de murs et entourée de fossés à eau".
L'un de ces premiers sires fut Robert de Borron qui réunit les récits de tradition orale celte, le cycle arthurien de la Table Ronde, en les ordonnant et en remontant à leurs origines chrétiennes : avec la trilogie Joseph d'Arimathie, Merlin et Perceval, il écrivit ainsi, à l'extrême fin du XIIe siècle, le premier roman en prose française, le Roman du Saint-Graal, qui eut un grand retentissement.
Le hasard des successions fit que la règle de dévolution successorale de l?ancien régime par primogéniture mâle ne put être respectée fréquemment.
Le nom du lieu resta, les familles se succédèrent. Les femmes tinrent un grand rôle dans le maintien du lieu, ce rôle est toujours aussi important au XXIème siècle.
LES GRANDES FAMILLES ET LE RÃLE MAJEUR DES FEMMES
Mis à part 4 ventes du domaine en 10 siècles (une au XVème et trois au XIXème), le changement de nom des propriétaires de Bourron a toujours été dû au veuvage ou à l?absence d?héritier mâle. Cela explique les changements de familles incessants à travers les siècles !
- XIIème siècle : Sire Robert de Borron , le premier roman en prose française, le Roman du Saint-Graal.
- XVème siècle : 1445, Denis de Chailly (de la famille des Vicomte de Melun), il lutte au côté de Jeanne d?Arc pour bouter les Anglais hors de France.
- Charles Vicomte de Melun décapité par Louis XI pour avoir laissé échapper un prisonnier d?Etat.
- Antoine de Melun, son fils dilapide la fortune familiale, aliène la fortune et les bijoux de sa femme, contracte de nombreux emprunts gagés sur les terres. De nombreux créanciers se manifestent, le curé de Bourron n?est pas en reste. Il se plaint d?avoir un arriéré de plusieurs années de messes dites pour le « salut de l?âme du Seigneur de Melun » mais non payées. Si bien que sa vicomté et sa seigneurie de Bourrron sont saisies pour être « criées subhastées et vendues au plus offrant et dernier renchérisseur ».
- XVIème siècle : le nouvel acquéreur est Olivier de Sallard, fauconnier du duc de Bourgogne puis grand fauconnier du roi de France, il va transmettre de père en fils la propriété pendant sept générations.
LA CONSTRUCTION DU CHÃTEAU, incertitude historique, peu d?archives et deux hypothèses
1/ Un château fin XVIème :
La construction en transparence actuelle serait due à François de Sallard ayant pour épouse Diane Clausse, fille de Cosme Clausse secrétaire d?état aux finances d?Henri III et propriétaire du domaine de Fleury-en-Bière et de Courances à 8 km d?ici (style brique et pierre).
Le gendre de Côme par jalousie, par jeu ou par séduction auprès de son épouse voulut à l?image de son beau-père édifier un château qui demeure très proche de celui de Fleury.
En plus de la ressemblance entre les deux châteaux, certains éléments encore médiévaux présents dans la construction viendraient étayer cette thèse.
2/ Un château début XVIIème, 1609
La ressemblance entre l?escalier de la cour des offices de Fontainebleau et celui du château de Bourron conduit certains à penser que le début des travaux correspondrait à l?achèvement de l?escalier en fer à cheval du château de Fontainebleau soit en 1609.
Ce serait alors Claude de Sallard qui aurait détruit l?ancienne forteresse.
Des travaux pendant cinq générations : des travaux qui ont duré 76 ans ou un siècle selon la date de début des travaux. Un fragment de comptes aux archives départementales nous dévoile la date de fin des travaux, l?édification des murs et du petit canal se terminant en 1685.
Louis XIV érige le domaine de Bourron en Marquisat pour récompenser Armand-Nicolas de Sallard.
LE SIÃCLE DES LUMIÃRES, En 1725, le Marquis de Beringhen reçoit le Roi Louis XV
Un mois après le mariage avec Marie Leczinska, Louis XV souhaite rencontrer ses beaux-parents. L?étiquette lui interdit de le faire à la cour de Fontainebleau, il le fait au
château de Bourron.
C?est ainsi que le roi détrôné de Pologne Stanislas Leczinski et son épouse séjournent à Bourron du 11 au 19 octobre 1725 avant qu?ils ne partent pour Chambord. On dit que la reine aurait perdu un diamant dans le parc. On le lui aurait rendu ou un semblable, accompagné d?un poème.
Frédéric de Beringhen est Cornette de cavalerie légère de France et proche du Roi, cela peut expliquer aussi le choix de Bourron pour ce séjour royal.
En 1794, la marquise de Varenne est emmenée sur Paris pour être décapitée lors de la terreur. Elle ne dut son salut qu?à la chute de Robespierre. Sa fille Adélaïde-Luce est sauvée par les villageois. Les symboles de la féodalité : les douves, le pigeonnier à base carrée, le portail aux armes sur le petit pont, une grande partie du mobilier, les archives et le terrier sont détruits par les sans culottes de Nemours.
Mariage d?Adélaïde-Luce avec le Marquis de Montgon cause la vente du château pour des raisons d?héritage. Les Brandoix (1849) et les Piollenc (1864) en font de même.
XIXème SIÃCLE, le château traverse la période de Viollet-Le-Duc sans dommages
Une chance ! Le château de Bourron resta pur et ne se retrouva pas flanqué d?un donjon de style médiéval comme cela est souvent arrivé. La façade sud connaît cependant certaines modifications : un balcon central est ajouté, une pierre ocre est plaquée en façade. Enfin, les percements des fenêtres au rez-de-jardin sont réalisés à cette époque puis plus tard la cour pavée est remblayée de 30 à 40 cm pour arriver au niveau actuel.
DEPUIS 1878, la propriété appartient à la famille de mon épouse, les Montesquiou-Fezensac
Ancienne noblesse du Gers, cette famille compte pour illustre ancêtre le gascon d?Artagnan, Michel Le Tellier de Louvois, ministre de la guerre de Louis XIV et Maman QUIOU, gouvernante du petit Roi de Rome.
Les Montesquiou réaménagent l?intérieur du château :
Les tapisseries du XVIème siècle du salon Hercule sont rapportées par les Montesquiou.
La chapelle est mise en valeur en 1882 à l?aide de boiseries en noyer du XVIIIème.
La bibliothèque en chêne, votre salle de petit déjeuner, d?époque Louis XV, est également aménagée.
Le Comte et la Comtesse Blaise de Montesquiou n?ayant pas d?enfant, confient la propriété à leur nièce, la Comtesse Marie-Laure de La Bédoyère qui la donne à son tour en héritage le 24 décembre 2001 à l?une de ses quatre filles, mon épouse, Estrella.
A la lecture de l?histoire du domaine, on comprend mieux la phrase de mon beau-père prononcée lorsque nous reçûmes cette propriété : « Ce que femme veut Dieu le veut » !
ARCHITECTURE DU CHÃTEAU DE BOURRON
Un château marqué par l?époque médiévale
Bourron était alors une forteresse "close de murs et entourée de fossés à eau".
Le plan du château actuel est celui imposé par la présence des douves.
Les pavillons ouest et est reprennent les anciens corps de garde. Le côté encore massif des fondements du château est édifié sur les bases de l?ancienne forteresse.
Autour de l?incertitude historique sur la date de début des travaux, différents éléments architecturaux peuvent nous faire pencher pour une édification fin XVIème
Le plan du château reprend celui de la forteresse médiévale sans essayer d?innover.
Les fenêtres sont rejetées de façon maladroite ou archaïque vers l?extérieur, laissant entre elles de grands espaces vides.
La géométrie des panneaux imbriqués sur les pavillons bas est directement inspirée de la cour des communs de Fleury-en-Bière datant de 1555. Enfin, d?autres châteaux sont édifiés à la même période autour de Paris : Pontchartrain, Neuville, la cour des Offices de Fontainebleau.
Début de la construction du « château brique et pierre » fin XVIème ou début XVIIème
Le style est « brique et pierre », lancé en 1528 par Gilles le Breton pour l?aile septentrionale de la cour du cheval blanc de Fontainebleau.
Les murs sont en moellons de la forêt de Bière, très poreux ils sont recouverts d?un enduit pour les protéger.
Les pierres apparentes angulaires, les fondements et les escaliers sont en grès plus solides qui proviennent des gorges d?Apremont.
La brique, quant à elle, a un rôle purement ornemental et décoratif. On peut observer des motifs géométriques sur les deux pavillons, les petits ponts et sur les encadrements de fenêtres.
Le château est construit en transparence, innovation considérable pour l?époque
Dans les salons d?apparat du rez-de-chaussée, on dispose de la vue tant sur la perspective sud que celle au nord. Agrément visuel et technique qui permet de faire rentrer un flot de lumière dans les salons.
Détails architecturaux
Vous pourrez noter en vous promenant, la présence de poulies sur l?aile ouest et sur l?aile est côté douves. Celles-ci servaient à monter au moyen de barques les salaisons et les victuailles directement dans les cuisines (situées au rez-de-jardin). Ainsi, les invités ne risquaient pas de croiser les approvisionnements?