La lèpre était une maladie irréversible et contagieuse. On en mourait lentement et inexorablement.
Déjà présente avant le XI e en Europe, la lèpre se développe de façon très importante à la faveur du grand mouvement des Croisades, dès la fin du XI e siècle, celui 6ci suscita une affluence considérable de pèlerins vers la Terre Sainte et en Orient, d'où plus nombreux furent ceux qui en revinrent, atteints par cette maladie, au point que, ce mal étant contagieux, les communautés se virent obligées de créer des lieux de refuge pour ceux qui en étaient frappés.
Les lépreux étaient considérés comme des morts-vivants. On les isolaient totalement de la société, après avoir célébré à leur intention une messe des défunts, on les conduisait en procession dans un lieu isolé, fermé, ayant seulement un guichet ouvert sur l'extérieur par lequel on leur apportait de la nourriture.
Ces lieux placés sous la dévotion de Saint-Lazare ou de Sainte Marie-Madeleine portèrent alors le nom de
" maison des Lazare " qui devint au fil du temps : lazre lazdre ladre
" Maison des ladres " puis " maladre " ou " maladrière" et en provençal "malautière".
Ces lieux d'exclusion étaient composés d'une maison et d'une chapelle où un prêtre venait célébrer la messe, elles étaient situées à l'écart des villes et des villages, généralement le long d'une voie de passage pour favoriser les aumônes des passants et d'un cours d'eau en aval des lieux habités ou comme c'est le cas pour la léproserie de St Lazare de Forcalquier près d'une source. La nécessaire conjonction des deux
points essentiels nous les montre installés souvent près d'un pont.
A la fin du XIII e siècle, après l'échec des Croisades, le phénomène des pèlerinages en Terre Sainte se raréfie, la maladie régresse. Au XV e siècle, la plupart des maladières sont abandonnées, ruinées, oubliées.Ce n'est pas le cas de celles qui ont été richement dotées, en particulier celles des villes dont le fruit des donations est inaliénable. Ces revenus, en terres la plupart du temps, sont dévolus à l'Eglise. C'est semble-t-il le cas de celle de Forcalquier, puisqu'au XVII e siècle la maison est reconstruite, sans doute au profit d'un chanoine et agrandie ensuite au XVIII e siècle.
La "malautière " de Forcalquier apparaît dans les textes en 1126. En 1274, un prêtre ou chanoine de la cathédrale de Forcalquier y est attaché? Il est nommé " perceptor de la malauterie".
On évoque encore l'hôpital de St Lazare en 1350.
En 1516, Maître Fouquet de Lavertuet est préceptor de l'hôpital St Lazare de Forcalquier, Il doit 3 florins par an à son évêque sur les revenus de la maladière.
En 1787, St Lazare est albergé, c'est à dire donné à bail à Antoine et Anne VIAL.
En l'An 4 de la République Française, lors de la vente des Biens nationaux, la maison et les biens rurauxde St Lazare sont achetés par Honoré Gallet de Mane.
Le cadastre de Forcalquier, en 1717,(folio 273) appelle le quartier de St Lazare :" Les Battanoux "ce qui semble vouloir dire les Battoirs ou bien les foulons à draps selon le dictionnaire de Mistral.
En 1830, le cadastre napoléonien situe St Lazare dans La section C, au Numéro 1024.
En 1871, mutation. N° folio 1230 ligne 7 :
18..VIAL Mary et Elisabeth
1868 VIAL Marie-Thérèse fille à feu André
1880 AUPHAN Mathilde
1882 Mutation vente Bâtiment - parcelle 2898