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Dans quelle ville :

Aqueducs d'Arcueil et de Cachan dans le Val-de-Marne

Patrimoine classé Patrimoine hydraulique Aqueduc

Aqueducs d'Arcueil et de Cachan

  • 16-18 Sentier des Garennes
  • 94230 Cachan

Photos

Origine et histoire des Aqueducs

L'aqueduc Médicis, ou aqueduc des eaux de Rungis, a été construit sur ordre de Marie de Médicis pour amener à Paris les eaux captées à Rungis, dans l'actuel Val-de-Marne. Mis en service en 1623, il est toujours en fonctionnement, propriété de la Ville de Paris et géré par Eau de Paris. Principalement souterrain, il traverse la vallée de la Bièvre par un pont-aqueduc au niveau d'Arcueil et de Cachan, ce qui lui vaut l'appellation ancienne d'aqueduc d'Arcueil, une dénomination ambiguë car plusieurs ponts-aqueducs existent sur ce tracé. La partie hors Paris est inscrite au titre des monuments historiques et certains éléments sont classés.

La question de l'approvisionnement en eau de Paris remonte au règne d'Henri IV et Sully fit acquérir des terrains à Rungis en 1609 pour étudier leur captage. Après le décès d'Henri IV, Marie de Médicis reprit le projet pour alimenter en particulier le palais du Luxembourg et ses fontaines. En 1612 le marché de construction fut adjugé à Jean Coingt ; les terrassements débutèrent en 1613 et le jeune Louis XIII posa la première pierre du regard de Rungis le 17 juillet 1613. À la mort de Jean Coingt en 1614, les travaux furent poursuivis par son gendre Jean Gobelain et l'aqueduc fut mis en eau le 19 mai 1623 jusqu'à la Maison du Fontainier, puis alimenta les fontaines publiques cinq ans plus tard.

Jusqu'au XIXe siècle, l'aqueduc mesurait 12 936 mètres entre le carré des eaux de Rungis, regard n°1, et le château d'eau de l'Observatoire, regard n°27, traversant Fresnes, L'Haÿ-les-Roses, Cachan, Arcueil, Gentilly et les 14e et 6e arrondissements de Paris. Il longeait la vallée de la Bièvre et suivait un parcours proche de celui de l'aqueduc de Lutèce, dont le bassin collecteur était situé environ un kilomètre au sud du carré des eaux de Rungis. Sous le Second Empire la partie parisienne fut déclassée : à partir du boulevard Jourdan les eaux furent dirigées sous la rue de la Glacière vers les réservoirs du Panthéon construits en 1843, puis, après leur suppression en 1904, vers le lac du parc Montsouris, ramenant la longueur actuelle à 10 420 mètres. Le tracé n'est pas matérialisé en surface car la Ville de Paris n'est pas propriétaire du sol : l'aqueduc traverse des propriétés privées soumises à une servitude de 30 mètres de part et d'autre, avec des restrictions de construction et d'installations potentiellement polluantes.

L'eau circule dans une galerie d'environ 1 mètre de large sur 1,75 mètre de hauteur, voûtée en plein cintre et appuyée sur des murs en meulière et caillasse liés au mortier, avec chaînages de pierres de taille ; le sol est constitué de deux banquettes séparées par une cunette carrée d'environ 40 centimètres. Située à quelques mètres sous le niveau du sol, jusqu'à 15 mètres entre Rungis et Fresnes, la galerie permet de marcher à sec sur toute sa longueur ; l'eau y coule librement jusqu'au regard n°10 à Cachan, puis circule dans une conduite en fonte installée lors du raccordement aux réservoirs du Panthéon en raison d'une altitude insuffisante pour un écoulement strictement gravitaire. La pente moyenne de l'aqueduc est de 1,4 mètre pour 1 000 mètres et la galerie n'a été reconstruite qu'à la marge : une section à Cachan après un glissement au début du XIXe siècle, deux siphons au passage des autoroutes A86 et A6 (respectivement en 1990 et 1960) et une déviation au début des années 2000 contournant le parc Médicis. À Paris, la galerie ancienne a été interrompue par des percements d'avenues et certaines portions ont été cédées à des riverains pour être transformées en caves ou en abris anti-aériens.

Les regards sont des édicules d'accès qui permettent de descendre par un escalier jusqu'à la galerie et où l'eau passe par un bassin favorisant oxygénation et dépôt des impuretés ; ils sont complétés par 258 trappes de visite. La partie en service compte 21 regards ; seuls les n°16 (à Arcueil) et n°21 (à la Cité universitaire) ont disparu en surface, tandis que les regards n°1 à Rungis, n°3 à Fresnes et n°13 à Arcueil sont classés au titre des monuments historiques. L'ancienne partie parisienne comprenait six regards, dont le château d'eau de l'Observatoire, n°27, aujourd'hui appelé Maison du Fontainier, qui abritait en surface le logement du fontainier et distribuait en sous-sol l'eau entre le roi, la ville et les communautés religieuses ; cet équipement fut complété par un réservoir souterrain construit en 1845 et remis au service municipal en 1866, occupé ensuite par le couvent du Bon-Pasteur, et les sous-sols, classés en 1994, sont accessibles au public sous conditions après des travaux de restauration menés en partie par des bénévoles. Parmi les autres regards parisiens subsistent le n°25 dans l'enceinte de l'hôpital La Rochefoucauld, visible depuis l'avenue René-Coty et inspiré par le mausolée de Cyrus à Pasargades, et le n°26 dans les jardins de l'Observatoire ; le n°23 dégagé en 1996 fut démoli et remplacé par une copie du n°25.

Le débit de l'aqueduc fut réparti entre une part de 18 pouces pour le palais et les jardins du Luxembourg et une part de 12 pouces destinée aux besoins populaires, et quatorze fontaines publiques ou privées furent construites pour distribuer l'eau, parmi lesquelles la fontaine des Carmélites, la fontaine du Pot-de-Fer rue Mouffetard, la fontaine Censier, la fontaine Saint-Magloire, la fontaine du collège de Navarre, la fontaine Sainte-Geneviève et la fontaine Saint-Côme ; un conduit franchissant la Seine par le pont Notre-Dame amenait l'eau à une fontaine sur la place de Grève, dont Louis XIII posa la première pierre le 28 juin 1624.

Le pont-aqueduc d'Arcueil-Cachan, seul ouvrage d'art de surface de l'aqueduc Médicis, s'étend sur 379 mètres pour une hauteur maximale de 18,86 mètres ; œuvre de Thomas Francine et Louis Métezeau, il se compose de deux massifs en maçonnerie encadrant une partie centrale à dix-huit travées dont neuf sont ouvertes en arc en plein cintre, est limité par les regards n°13 et n°14 et domine le cimetière de Cachan ; il est classé au titre des monuments historiques.

Le carré des eaux de Rungis, situé au nord du village, est une galerie collectrice quadrilatère où l'eau était introduite par des barbacanes ; ce bassin ne captait qu'environ 40 % des eaux de l'ancien aqueduc de Lutèce, dont le bassin à Wissous recevait des sources plus éloignées, et le regard n°1, à l'angle ouest du carré, marque le point de départ de l'aqueduc. Le débit initial était de 1 280 m3 par jour, puis d'autres sources furent raccordées : au début des années 1650 la Pirouette et le Maillet à Rungis, en 1670 la Fontaine Pesée à Cachan et en 1782 des eaux de la plaine sud vers Wissous et Morangis. Vers 1870, la construction de l'aqueduc de la Vanne entraîna le drainage du parcours au niveau de Paray et Chevilly-Larue et le percement du regard des Sources au coin nord du carré des eaux ; ce drainage de la plaine de Paray fut systématisé en 1967 lors des travaux d'extension de l'aéroport d'Orly. Aujourd'hui, l'urbanisation et les aménagements du sous-sol, notamment le marché d'intérêt national, des infrastructures routières et l'aéroport, ont tari la plupart des sources de Rungis, y compris le carré des eaux, et l'aqueduc n'est plus alimenté que par les eaux de la plaine de Paray et des coteaux de la Bièvre.

Les eaux de Rungis, longtemps réputées limpides et très calcaires jusqu'en 1870, sont devenues impropres à la consommation du fait de l'urbanisation du XXe siècle ; une analyse réalisée sur un prélèvement à Montsouris en 1996 a montré des concentrations élevées de bactéries pathogènes, de nitrates, de sulfates et de fer. Le musée Carnavalet conserve de nombreuses représentations de l'aqueduc Médicis, dont une médaille datée de 1614 à l'effigie de Gaston de Grieu, qui commémore le commencement des travaux.

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