Origine et histoire du Château de Picomtal
Le château de Picomtal, situé dans la commune de Crots, dans les Hautes‑Alpes, a été édifié au Moyen Âge et remanié au XVIe siècle ; ses décors intérieurs datent du XIXe siècle, réalisés à l'initiative de Joseph Roman. Entièrement restauré au début du XXIe siècle, le château a alors livré les écrits de Joachim Martin, qui racontent la vie d'une petite société de la fin du XIXe siècle.
Bâti à l'origine par les Embrun, seigneurs et alliés des archevêques d'Embrun, le site comprenait d'abord un donjon en bois remplacé au XIIIe siècle par une tour en pierre, premier élément du château actuel. La présence d'une garnison entraîna le regroupement des paysans au pied de la tour, donnant naissance au village de Crottes, devenu Crots. Au XIVe siècle, les seigneurs des Crottes firent édifier trois autres tours, aboutissant à un château de plan carré. En 1507, Martin de la Villette, héritier des Embrun, doubla la surface de l'édifice ; en août 1692, les troupes du duc de Savoie incendièrent une partie du château.
Le domaine connut ensuite une longue succession de propriétaires : il passa parmi d'autres à la famille de Rame, puis à l'abbé de Ravel dont les héritiers cédèrent en 1769 le domaine à Joseph Cellon, bourgeois. En 1792, il fut acquis par Jean‑François Cressy, ancien bailli royal d'Embrun et commissaire des guerres du gouvernement révolutionnaire, puis revint à la famille Berthe, qui aménagea l'avenue du château. Une vente publique en 1876 fut remportée par Joseph Roman, qui fit réaliser des travaux pour en faire sa résidence ; il décéda en 1924 et ses héritiers conservèrent la propriété jusqu'en 1998.
Le château, la terrasse et l'ancien jardin ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 1er février 1989. Jacques et Sharon Peureux achetèrent le domaine et menèrent d'importants travaux de 1999 à 2003 pour y créer plusieurs chambres d'hôtes, des salles de séminaire et de réception, ainsi qu'un jardin d'inspiration provençale ; lors de ces travaux, ils mirent au jour les écrits de Joachim Martin.
L'une des tours abrite une chapelle dédiée au roi Saint Louis, décorée de fresques murales peintes en 1892 par Isabelle Reynaud, épouse de Joseph Roman ; l'artiste y représenta plusieurs personnages sous les traits de membres de sa famille, et les vitraux sont ornés de fleurs de lys. Un jardin contemporain, établi sur la trame historique des jardins provençaux du XVIIIe siècle, est en cours d'aménagement par Loïc Pianfetti depuis 2001 ; il a reçu le prix national des jardins 2015 décerné par Vieilles Maisons Françaises.
Lors de la rénovation du château dans les années 1880, Joachim Martin, menuisier du village, remplaça plusieurs parquets et profita de chutes de lattes pour écrire au crayon de courts textes relatant la vie et les mœurs locales, en sachant qu'ils ne seraient vraisemblablement pas découverts avant au moins 60 à 80 ans. Ces 72 courts textes, totalisant 3 943 mots, furent découverts lors des travaux de 2000 ; les propriétaires en ont reconnu la valeur historique et les ont intégrés à un spectacle consacré à l'histoire du lieu. L'historien Jacques‑Olivier Boudon les découvrit en 2009 lors d'un séjour au château et a retracé, dans son ouvrage Le plancher de Joachim (2017), la biographie de Joachim Martin en croisant ces écrits avec d'autres documents d'archives. Un documentaire diffusé par France 2 le 3 août 2019 a également évoqué cette découverte.