Origine et histoire du Couvent des Cordeliers
Le couvent des Cordeliers, ancien couvent franciscain d'Embrun (Hautes‑Alpes), abrite aujourd'hui l'office de tourisme de la ville. Les Frères mineurs furent établis à Embrun par une bulle du pape Clément VI datée du 7 mars 1352, visant à lutter contre les Vaudois. Le couvent, dont la fondation remonte au XIIIe siècle au temps des Dauphins de Viennois, dépendait de la province de Saint‑François, dont le chapitre général se tenait à Moirans. Il comptait alors treize moines, dont deux prenaient quotidiennement leur repas à la table de l'archevêque Humbert. Bâti à l'origine hors de la ville, il fut détruit au XIVe siècle et rebâti dans Embrun par le Dauphin Humbert II, qui assura aux religieux une redevance annuelle en froment et en vin "pendant l'espace de mille ans". L'église du couvent fut édifiée entre 1413 et 1443 et consacrée en 1447. Sous le règne de Louis XIII, la citadelle d'Embrun fut rasée et les terrains ainsi libérés furent attribués aux Capucins, dont la présence avait été autorisée par lettres patentes en 1633. Le nouveau couvent fut construit de 1644 à 1645 par l'archevêque Guillaume IX d'Hugues, grâce à la générosité de donateurs — notamment Chantaraine des Crottes et le sacristain Hugues Emé, qui fit don de sa bibliothèque — et à un apport de six mille livres. Il était orné de fresques remarquables et abritait une statue de saint Antoine, témoin d'une présence des Antonins. Le nombre de religieux déclina progressivement, passant de trente à quelques moines puis à un ou deux. Après la Révolution, l'église fut transformée en halle aux grains et partiellement détruite par un incendie ; la nef et le collatéral sud furent détruits en 1912. Le collatéral nord subsistant accueille aujourd'hui l'office de tourisme, et des décors peints ont été découverts sous des enduits de plâtre puis restaurés de 1969 à 1971 ; ces peintures murales sont l'œuvre d'artistes italiens des XVe et XVIe siècles. L'ancien couvent des Cordeliers bénéficie d'une protection au titre des monuments historiques : le réfectoire et d'autres vestiges ont fait l'objet d'une inscription le 19 février 1971, et quatre chapelles latérales ornées de peintures murales (restes de l'église) ont été classées par le même arrêté. Il subsiste aujourd'hui le réfectoire, des parties du cloître en propriétés privées et de magnifiques fresques réalisées par des peintres italiens des XVe et XVIe siècles.
