Origine et histoire de la Forge
La forge de Beaujeu est située sur la rive gauche de la Saône, à plusieurs kilomètres au nord du village, à l'ouest du hameau de Pierrejux, sur la commune de Beaujeu-Saint-Vallier-Pierrejux-et-Quitteur (Haute-Saône). Elle est fondée en 1679 par le maître de forge François Monnois, avec l'autorisation du marquis d'Hyenne. Les fers produits, réputés de bonne qualité, étaient expédiés à l'arsenal de Toulon pour la construction des vaisseaux et galères du roi. La seigneurie est acquise par la famille d'Hennezel en 1707. En 1772, l'usine livre 1 000 milliers de fonte et 400 milliers de fer. À la Révolution l'établissement est affermé à Joseph et Claude Thomas Falatieu, propriétaires de la manufacture de fer blanc de Bains‑les‑Bains, et, déclaré bien national, il est acheté par Joseph Falatieu en 1798, qui acquiert aussi l'établissement voisin de Montureux. La forge est alors vraisemblablement abandonnée, tandis que le haut‑fourneau fonctionne encore jusque vers 1879. Le haut‑fourneau passe entre d'autres mains au début du XIXe siècle (comte d'Hennezel en 1807, famille de Bassano en 1810) et le site est fortement remanié : la forge disparaît, le haut‑fourneau, portant la date 1812, et un moulin à farine daté 1813 sont reconstruits. Le site change encore de propriétaires au XIXe siècle (sieur Monnier en 1833, Pascal Lapène puis Emmanuel Stanislas de Magnoncourt en 1836, sieur Richard en 1852), avant d'être acquis en 1857 par Alphonse Adéodat Dufournel au sein de la société Dufournel et Cie, qui devient en 1874 la Compagnie des hauts fourneaux de Crochot et Beaujeu; la dissolution de la société en 1879 marque la fin de l'activité métallurgique. Le site est ensuite acheté par Abel Mariotte en 1887 puis par Pétrus Jacquot en 1898, année où la matrice cadastrale signale la transformation de l'ancien haut‑fourneau en moulin. À la fin du XIXe siècle et au tournant du XXe, le moulin à fèves, qui emploie sept ouvriers en 1900, renferme trois paires de meules et peut traiter quotidiennement 200 quintaux; une maison, une écurie et une remise sont construites ou remaniées à cette époque. Le moulin fonctionne jusqu'en 1922 ; une centrale hydroélectrique est installée dans le bâtiment du moulin en 1923 pour produire de l'électricité pour le compte de l'EDF, comportant à l'origine trois turbines. Un logement est reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, suite à un bombardement. Plusieurs bâtiments subsistent, disposés selon l'axe formé par les deux canaux principaux du réseau hydraulique et précédés de la maison du régisseur puis du propriétaire : des logements ouvriers en partie datés du XIXe siècle, le bâtiment du haut‑fourneau, une grande halle en maçonnerie, le moulin et diverses constructions annexes. La halle à charbon nord s'est effondrée au début des années 1980 et la halle située au nord du haut‑fourneau a été amputée d'environ moitié vers 2000 faute d'entretien. Le bâtiment du haut‑fourneau conserve sa tour en maçonnerie datée 1812, sans doute l'un des plus anciens des rares exemples conservés dans la région ; il a été inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1998.