Forges de Dampierre-sur-Blévy | Relais Historiques de France Forges de Dampierre-sur-Blévy | Relais Historiques de France

Dans quelle ville :

Forges de Dampierre-sur-Blévy à Maillebois dans l'Eure-et-Loir

Patrimoine classé Patrimoine industriel Forge

Forges de Dampierre-sur-Blévy

  • Le Château
  • 28170 Maillebois

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Origine et histoire des Forges

Les forges de Dampierre-sur-Blévy, situées dans la commune de Maillebois (Eure-et-Loir), constituent un vestige exceptionnel de l’industrie sidérurgique du XVIIe siècle et participèrent à la fabrication de canons pour la marine royale par ordre de Colbert. Installées vers 1669 près de la forêt de Senonches, elles tirèrent parti d’un important approvisionnement en bois, de gisements de minerai et de la force hydraulique fournie par un étang de 17 hectares sur la Blaise. L’établissement, considéré comme la première usine intégrée de France, regroupait en un même lieu deux hauts fourneaux accolés dotés de cheminées octogonales, des bâtiments de forge et de fonderie, des halles à charbon et des logements ouvriers et de direction. Les hauts fourneaux produisaient de longues barres de fonte appelées gueuses ; la forge comprenait une affinerie et un martinet qui transformaient la fonte en fer ; la fonderie découpait ensuite les barres avant leur commercialisation. Plusieurs grandes roues hydrauliques actionnaient les soufflets des fourneaux, le gros marteau de la forge et les mécanismes de la fonderie. Une originalité notable est la présence de deux hauts fourneaux jumeaux dans un même bâtiment, disposition favorisant la coulée de grosses pièces, notamment de canons ; l’établissement produisit également, en 1688, des tuyaux de fonte de 48 cm de diamètre et d’un mètre de longueur pour le Canal de l’Eure, puis refondus en 1705 après l’abandon des travaux. Outre les canons, les forges fournissaient des vergettes de fer, des boulets destinés à des ports comme Rouen, Le Havre ou Saint-Malo, et d’autres produits témoignant de la polyvalence du site. L’origine moderne du complexe tient à l’initiative du duc d’Enghien, qui avait acquis la forêt de Senonches en 1667 pour valoriser ses ressources forestières et minières. Des mentions d’activité métallurgique à Dampierre-sur-Blévy remontent au XVe siècle, notamment l’achat en 1487 d’une moitié de fourneau sous la chaussée de l’étang par François Courseuilles. La famille Courseuilles céda les forges en 1669 à Henri Jules de Bourbon-Condé, duc d’Enghien, et la propriété passa ensuite entre les mains de membres de la maison de Condé puis, en 1771, au comte de Provence, futur Louis XVIII. Louées à des maîtres de forges, les installations furent acquises en 1791 par leurs locataires, MM. Goupil et Canuel, puis exploitées par la famille Goupil, qui s’associa plus tard à la société Guillain frères ; la société Guillain arrêta définitivement l’exploitation quelques années après 1862. Dès le début du XIXe siècle, les difficultés d’approvisionnement en bois conduisirent à la fermeture des hauts fourneaux et à une chute de la production annuelle, ramenée à 150–200 tonnes contre 1 000–1 200 tonnes au XVIIIe siècle. Un plan de 1834 montre l’organisation du site derrière la chaussée du grand étang, avec les hauts fourneaux, la forge, la fenderie, la halle à charbon, divers ateliers et les habitations du personnel ; le laminoir et la feuillarderie se situaient derrière le pont de la route actuelle. Au début du XXe siècle, le site industriel prit un statut de propriété d’agrément centré sur la maison du maître de forges ; la plupart des ateliers et bâtiments disparurent, à l’exception notamment de la halle à charbon et des hauts fourneaux. La conservation de hauts fourneaux du XVIIe siècle sur ce site est remarquable au regard de l’état de conservation connu ailleurs en France. Les vestiges encore visibles incluent la maison du maître des forges, le double fourneau, la halle à charbon, la halle de coulée, l’étang, les bâtiments à soufflets et le logement du commis. Le site bénéficie de protections au titre des monuments historiques : une inscription en 1993 pour les façades et toitures de la maison du maître et une pièce intérieure, et en 1994 une inscription pour deux bâtiments de logements ainsi qu’un classement en 1994 portant sur le bâtiment du haut-fourneau double, la halle à charbon, la chaussée, le mécanisme de la retenue d’eau et l’ensemble des maçonneries du système hydraulique. Les informations de cette notice sont issues des documents de MM. Vitte et de Boisanger.

Liens externes

Voir également
Le patrimoine industriel classé de France Forge