Origine et histoire des Forges
Les forges de Paimpont, situées à cheval sur les communes de Paimpont et de Plélan‑le‑Grand, constituent un ancien site industriel remarquable de la forêt de Paimpont. Créées après une autorisation en 1633 et revendues en 1653 à Jacques de Farcy et François d'Andigné, elles s'implantent près d'un gisement de minerai d'hématite et tirent parti d'un réseau hydraulique alimenté par plusieurs étangs. Au départ, le site comprenait un bas puis un haut fourneau et une raffinerie, et le charbon de bois était produit sur place par des charbonniers de la forêt. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les forges se développent : autour de 1800 la production atteint environ 500 tonnes de fonte et 360 tonnes de fer, tandis qu'au milieu du siècle la production triple, culminant en 1853 à 2 750 tonnes de fonte et 1 800 tonnes de fer. Le site emploie alors plusieurs centaines d'ouvriers, la main d'œuvre comprenant métallurgistes, mineurs, bûcherons et charbonniers, et fournit notamment des pièces pour les arsenaux et les voies ferrées régionales. Face à la concurrence étrangère, une importante modernisation s'amorce au début du XIXe siècle : dès 1819 un projet de conversion à l'usage de la houille et aux procédés anglais est engagé, puis révisé en 1821 en faveur d'un procédé mixte qui combine affinage au charbon de bois, chauffage à la houille dans des fours à réverbère et étirage au moyen de cylindres ou laminoirs. Le laminoir, construit entre 1820 et 1831 et doté en 1831 de fours à réverbère et de paires de cylindres, témoigne de cette modernisation industrielle. Le système hydraulique est renforcé, notamment par l'exhaussement du déversoir de l'étang en 1836, et des machines à vapeur sont ajoutées, une première en 1836 de 90 chevaux puis deux supplémentaires entre 1856 et 1861 pour l'exhaure des mines et l'entraînement d'un marteau‑pilon. L'activité atteint son apogée dans les années 1850‑1860, mais la concurrence et la baisse de compétitivité entraînent un déclin rapide : les hauts‑fourneaux sont éteints en 1866, reprennent sporadiquement à partir de 1872 puis cessent définitivement en 1884. En 1873, l'usine est vendue à Louis Auguste Lévêque, dont les descendants resteront propriétaires, et ne subsistera par la suite qu'un atelier de construction mécanique jusqu'en 1954. Le site industriel se répartit sur quatre implantations : le principal, près de l'étang, conserve des hauts‑fourneaux (datant de 1832 et 1842), des logis de maîtres et des logements ouvriers ; la fenderie, située 800 m en amont et mentionnée dès 1692, a successivement abrité un moulin, une scierie et sert aujourd'hui de gîte rural ; un troisième établissement aux Forges Basses, édifié en 1779, comprenait forge et martinet et accueillit au XIXe siècle un atelier de machines agricoles ; enfin la Secouette, à 1 100 m en aval, conserve une forge désormais transformée en remise. Après la fermeture des hauts‑fourneaux, l'usine a été convertie en fonderie de seconde fusion, puis certains bâtiments ont hébergé d'autres activités : l'ancienne affinerie, augmentée d'un bâtiment en béton, a été réaffectée dans les années 1960 à un atelier de nettoyage de vêtements avant la fermeture définitive après un incendie dans les années 1980. Une partie du patrimoine industriel est inscrite aux monuments historiques depuis le 24 juillet 2001, et un programme de restauration a été engagé avec le soutien des collectivités et du nouveau propriétaire. De 2004 à 2008 plusieurs bâtiments ont été mis hors d'eau ; le grand bâtiment nommé Le Laminoir, daté de 1820, a reçu une nouvelle charpente et couverture et a été aménagé en salle de réception, tandis que la Fonderie, proche des hauts‑fourneaux, a fait l'objet d'un second chantier de restauration. Le site s'ouvre au public depuis les Journées européennes du patrimoine de 2005 avec des visites commentées, complétées depuis 2009 par un parcours libre, et la maquette des hauts‑fourneaux est visible dans le laminoir restauré.