Vieux-la-Romaine à Vieux | Relais Historiques de France Vieux-la-Romaine à Vieux | Relais Historiques de France

Dans quelle ville :

Vieux-la-Romaine à Vieux dans le Calvados

Patrimoine classé Vestiges Gallo-romain Villa Gallo-Romaine

Vieux-la-Romaine à Vieux

  • Le Moulin Neuf
  • 14930 Vieux

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Origine et histoire du site de Vieux-la-Romaine

Vieux-la-Romaine est le site archéologique de la ville gallo-romaine d’Aregenua, situé sur la commune de Vieux (Calvados), à une quinzaine de kilomètres au sud de Caen. Créée au Ier siècle apr. J.-C., Aregenua était le chef-lieu de la cité des Viducasses et apparaît comme une ville-étape sur la carte de Peutinger ; son âge d’or se situe aux IIe et IIIe siècles. Des inscriptions gravées sur le marbre de Thorigny montrent que la cité bénéficiait d’un statut fiscal privilégié, que ses magistrats jouissaient de la citoyenneté romaine et permettent de suivre la carrière d’un de ses citoyens jusqu’au Conseil des Gaules ; elles donnent aussi la fourchette de construction des thermes entre 220 et 238. Très touchée par les premières invasions barbares à la fin du IIIe siècle, la ville ne s’entoura toutefois pas d’une enceinte. La christianisation n’en fit pas un siège épiscopal, contrairement à la plupart des cités de la future Normandie, ce qui marque son recul, même si des fouilles montrent que le lieu conserva des constructions, des restaurations, des monnaies et des produits artisanaux, indices d’un commerce à longue distance. La ville d’Augustodurum (Bayeux), protégée par un castrum, prit progressivement le pas sur Aregenua. Au Haut Moyen Âge, la population se déplace vers le nord, vers le hameau Saint-Martin, et réutilise les ruines comme carrière pour construire de nouvelles habitations ; Aregenua se transforme en simple vicus et, avec Lillebonne, reste l’une des rares capitales de cité de Normandie qui ne devint pas une ville médiévale.

Les fouilles ont bénéficié du fait qu’aucune agglomération moderne n’a recouvert les vestiges, condition rare pour une ancienne capitale de cité ; la première découverte connue est le marbre de Thorigny en 1580, et les premières fouilles du site datent de 1697, soit quarante-cinq ans avant celles de Pompéi. Le site occupe un carrefour de voies antiques : le Chemin Haussé, identifié à l’une des voies de la table de Peutinger et reliant Bretteville-l’Orgueilleuse à Jort, fut utilisé pendant tout le Moyen Âge et apparaît sur certains cadastres sous l’appellation « Chemin du Duc Guillaume ». D’autres axes le mettent en relation avec le Cotentin, les pays de la Loire, Lisieux et Rouen ; certains correspondent au cardo et au decumanus de la cité, sans toutefois présenter la rectitude souvent supposée.

Les archéologues ont mis au jour plusieurs constructions monumentales : un aqueduc, un théâtre romain de taille moyenne — d’environ 80 mètres de diamètre — apparemment transformé en amphithéâtre au IIe siècle, des thermes publics dont les fondateurs sont connus (Solemninus et son fils Titus Sennius Sollemnis), et un sanctuaire où fut découvert un autel dédié à Vénus et à Mars, sous l’emplacement de l’actuelle église Notre-Dame, illustrant une rare continuité de lieu de culte. Une domus remarquable, la « maison au grand péristyle », fouillée par P. Vipard entre 1988 et 1991, s’étend sur 1 250 à 1 500 m2 autour d’une cour centrale avec bassin (impluvium) et péristyle ; plusieurs pièces étaient chauffées par hypocauste et l’ensemble présentait un décor riche (fresque d’Achille et Thétys, sculptures bacchiques, colonnes ciselées, piliers sculptés, mosaïques) ainsi que des dalles en calcaire d’origine, témoignant de l’assimilation de l’architecture romaine en Gaule du Nord. Une basilique civile et un bâtiment abritant la curie font l’objet de fouilles, et un quartier artisanal au sud‑ouest a livré un atelier de bronzier et des fours de verriers.

Le musée archéologique de Vieux-la-Romaine, ouvert en 2002, présente ces découvertes, et les vestiges restaurés de la maison au grand péristyle sont librement accessibles. À partir de plans anciens et de prospections aériennes et géophysiques récentes, le lieu-dit « le Champ des Crêtes » a livré des confirmations de la présence du forum et de divers édifices publics ; une nouvelle campagne de fouilles a été engagée en 2007 pour dégager ces structures encore mal connues. L’ensemble des vestiges du bas de Vieux est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH, 27/06/1988). Les ruines du théâtre bénéficient de protections distinctes : les vestiges du lieu-dit Jardin Poulain sont classés (CLMH, 21/04/1980), tandis que ceux du lieu-dit de l’école sont inscrits (ISMH, 06/02/1980).

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Voir également
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