Origine et histoire de la Villa gallo-romaine
La villa gallo-romaine dite Fount de Rome, ruinée, est située sur la commune de Fleury (Aude), au lieu-dit Boëde, non loin de l'Oustalet, entre la Clape et l'étang de Pissevaches (Fiche Mérimée : PA00102691). Signalée pour la première fois par J. Campardou en 1904, elle a fait l'objet de fouilles menées par J. Fabre et son équipe de 1966 à 1968, qui ont surtout recueilli un mobilier hétérogène plutôt que étudié les sols et la structure des murs. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1970. Établie sur une petite colline aujourd'hui envahie par la garrigue et des pins d'Alep, la villa est dans un état d'abandon et largement colonisée par des plantes comme le genévrier cade, le ciste de Montpellier et la lavande papillon. Elle repose sur une plateforme flanquée de deux terrasses délimitées par des murs en petit appareil. À l'est se trouvent six pièces dont les murs, conservés et épais d'environ 0,60 mètre, et à l'ouest quatre autres pièces largement ouvertes par interruptions de parois. La pièce 1, de plan rectangulaire, mesure environ 8 mètres de long et semble n'avoir jamais été fouillée; la pièce 2 a un plan carré. La pièce 3, la plus vaste, approche 12 mètres de longueur; son mur nord, haut et dégagé, est précédé d'un muret parallèle et, non loin, émerge une structure cylindrique rouge faite d'une superposition de briques discoïdales liées par un mortier, d'environ 0,40 mètre de diamètre, évoquant une pilette d'hypocauste. La pièce 4, la plus fouillée selon les rapports, est divisée en deux parties en équerre par un petit mur hétérogène de 1,20 × 0,40 mètre, et trois niveaux archéologiques y ont été reconnus. La pièce 5 est beaucoup plus vaste et presque carrée; elle et les pièces suivantes ont peut‑être fourni du mobilier, mais les notices disponibles sont muettes à ce sujet et les recherches ont été interrompues vers 1968. La pièce 7, à l'angle nord‑ouest, présente une singularité architecturale signalée par Solier : une salle aux branches dont les terminaisons ont été décrites comme en forme de croix grecque; elle comporte un mur concave en abside et, derrière ce mur, un réduit en forme de prisme triangulaire apparemment clos sur toutes ses faces, la face adossée à l'abside étant légèrement concave. Le mobilier recueilli, rapporté notamment dans la Carte archéologique, comprend des objets en os (aiguilles, cuillère à fard), des éléments métalliques (lingot de plomb, monnaies en argent attribuées à Manius Acilius, monnaies en bronze d'Auguste, clous en bronze et en fer), des céramiques et un pavement; la présence de tesselles n'est pas évoquée. Aucune canalisation visible n'a été observée et la gestion de l'eau demeure inconnue; les fouilleurs n'ont pas mentionné de dépotoirs. Observée pour la première fois en Languedoc par André Lopez en 2018, une originalité remarquable du site est la composition du mortier des murs : les blocs en grès renferment en grand nombre des coquilles de lamellibranches entières, principalement Cardium et Tapes, incluses sans apparente intention ornementale, peut‑être en remplacement du gravier; les Pectens ne semblent pas concernés. Comparativement, le site de Vivios, à Lespignan, présente un ensemble différent associant canalisations, habitat, thermes et salles à piliers; ses murs, en blocs de calcaire coquillier contenant des fossiles miocènes tels qu'Ostrea et Chlamys, n'offrent guère d'inclusions coquillières dans le mortier, sauf un cas isolé, tandis que d'autres sites de la région, comme les thermes de Vendres, montrent des inclusions plus abondantes de Flexopecten et de Cerastoderma edule. À environ 200 mètres en contrebas de Fount de Rome, un atelier de potiers gallo‑romain découvert vers 1984 par D. Orliac aurait été en lien avec la villa; d'activité brève, il a livré des fragments de tegulae et de briques, des pilettes, dolia, éléments de tuyauterie et diverses céramiques, dont des sigillées et pré‑sigillées sud‑gauloises (Orliac, Passelac 1992), certains éléments étant éventuellement déposés au musée d'Ensérune. Des plans, photographies et relevés illustrent la villa et ses particularités, notamment la petite colonne en briques, les vues des pièces 2 à 5 et les détails de la pièce 7 avec son abside et son réduit.